AU MALI, DES QUESTIONS SUBSISTENT APRèS L’ATTAQUE DJIHADISTE

L'Etat major malien a reconnu seulement quelques pertes en vies humaines, notamment des élèves gendarmes tués lors de l'assaut contre l'école de gendarmerie, l'une des cibles avec l'aéroport militaire adjacent à l'aéroport civil.

L'attaque a été repoussée après plusieurs heures de combats, au cours desquelles les djihadistes ont occupé une partie de l’aéroport international de Bamako.

De son côté, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, qui a revendiqué l'opération, a diffusé des vidéos montrant ses combattants déambulant dans le pavillon présidentiel de l'aéroport et incendiant un appareil de la flotte officielle.

Une collaboration civilo-militaire est préconisée

Nina Wilen, directrice du programme Afrique de l’Egmont Institute en Belgique, souligne que ces deux attaques ont eu lieu à une date symbolique. En effet, le 17 septembre marquait le premier anniversaire de la création des États du Sahel, une organisation qui se présente comme une alliance militaire dont le but principal affiché était, justement, la lutte contre le djihadisme au Sahel.

"On a observé une expansion des différents groupes djihadistes ces dernières années, en particulier après le départ de l'opération Barkhane et des forces françaises, ainsi que depuis le retrait de la mission de l’ONU en 2023," a observé Mme Wilen.

Elle précise que : "Il est évident que les différents groupes armés non étatiques ont gagné en puissance, au point d'atteindre la capitale. C’est un signe qu’ils sont désormais capables d’attaquer des lieux censés être protégés par les autorités maliennes."

Cette attaque constitue également un échec du renseignement, les militaires au pouvoir n'ayant pas anticipé une opération visant des cibles stratégiques au cœur de la capitale malienne.

Drissa Kanambaye, résident de Bamako et enseignant à l’école des sciences de communication, estime que l’armée doit intensifier son travail de terrain pour obtenir les informations plus tôt.

"Il ne faut pas penser que les terroristes sont des hordes sauvages venues d’ailleurs. Il existe des cellules dormantes dans nos pays et nos capitales, composées de personnes qui se fondent parmi nous. Malheureusement, il est difficile de les identifier sans action concrète. C’est là toute la difficulté de la guerre asymétrique. Il serait idéal de renforcer la coopération entre les forces armées de défense et de sécurité et la population, afin que toute activité suspecte soit signalée immédiatement."

Quid de la capacité d'action du JNIM ?

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans affirme que son attaque a fait des centaines de morts et de blessés parmi les militaires maliens, ainsi que dans les rangs des mercenaires russes alliés au pouvoir militaire de Bamako.

Ouagadougou et Niamey pourraient-elles être frappées à leur tour par ce type d’attaque ? Seidik Abba, journaliste nigérien et président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel, n'exclut pas cette possibilité.

"En janvier 2012, un commando avait enlevé deux jeunes Français à Niamey, au Niger. Ouagadougou a déjà été frappée deux ou trois fois, et Bamako enregistre sa troisième ou quatrième attaque. Le scénario peut se reproduire car les djihadistes s’appuient sur des complicités et leur objectif est de porter la guerre dans les grandes capitales pour démontrer la fragilité des États. Que cela fonctionne ou non."

Toujours selon le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, ses combattants auraient détruit six avions militaires, dont un drone, et en auraient endommagé quatre autres.

Les affirmations des deux parties sont difficiles à vérifier, dans un contexte de regain de tensions et d'accès à l'information sévèrement restreint par le pouvoir militaire.

Auteur: Wendy Bashi

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