“…Capitaine Moussa Dadis Camara et Colonel Moussa Tiegboro Camara à 20 ans d’emprisonnement chacun…, Commandant Aboubacar Diakité dit Toumba à 10 d'emprisonnement”
Quelques minutes après la condamnation de Moussa Dadis Camara et certains de ses coaccusés, la partie civile a réagi à la décision de justice rendue par le tribunal criminel de Dixinn présidé par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara. Lors d’un point de presse qu’il a coanimé mercredi soir à Conakry, Me Alpha Amadou DS Bah un des avocats des victimes a exprimé leur satisfaction.
"Les accusés ont été condamnés à des peines que nous considérons acceptables. Parce que les crimes sont odieux, beaucoup de personnes ont perdu leur vie, certaines souffrent dans leur chair et dans leur âme pour avoir été souillées au stade et il y a des personnes que nous n’avons pas retrouvé malheureusement".
Les peines prononcées contre les accusés reconnus coupables de crimes contre l’humanité ne réjouissent pas toutes les victimes, car certaines d’entre elles trouvent la décision du tribunal « clémente » envers leurs bourreaux.
Mais pour Asmaou Diallo, présidente de l’Association des Parents Victimes et Amis du 28 septembre, AVIPA, ce verdict est « l’aboutissement d’un combat de 15 ans ». Elle-même avait perdu un de ses fils lors de ce carnage perpétré au grand stade du 28 septembre, causant la mort d’au moins 157 personnes et 109 femmes violées, selon une commission mandatée par l’Onu.
"Aujourd’hui nous ressentons un immense soulagement, même si la douleur de nos pertes demeure. Ce sentiment d’accomplissement est teinté de tristesse car rien, rien ne pourra jamais ramener nos êtres chers."
Des avocats de la défense contactés par DW après la sentence se sont abstenus de tout commentaire. Il faut préciser que l'audience de ce mercredi s’est tenue en l'absence des avocats de la défense tout comme ceux de la partie civile.
Maître Halima Camara avocate de la partie civile se réjouit, elle, de la prise en compte des cas de viols dans ce procès historique.
"C’est symbolique que des cas de violences sexuelles soient reconnus par notre justice comme étant crimes contre l’Humanité".
C’est la première fois dans l’histoire de la Guinée qu’un ancien chef d’Etat est jugé et condamné. Les accusés et les parties civiles ont 15 jours pour faire appel. Le parquet a, quant à lui, 60 jours pour contester le verdict d’un procès qualifié d’historique dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires, où l'impunité de forces de sécuritéa été érigée en "institution", selon les partenaires internationaux.
Auteur: Abdoulaye Sadio Diallo
2024-08-01T10:34:24Z