ALBINISME: à MADAGASCAR, LE NOUVEAU DéFENSEUR DES DROITS DES ENFANTS PLAIDE POUR LE DROIT à LA DIFFéRENCE

Comme un souffle nouveau dans la défense des droits de l’enfant à Madagascar. Hier, mardi,  sur la Grande Île, l’Unicef a présenté celui qui portera haut, durant l’année à venir, la voix des enfants atteints d’albinisme ou vivant avec un handicap. Une mission ardue -dans un pays où les albinos sont persécutés et leurs organes utilisés notamment pour la magie noire -, que Gilardy Totozandry a acceptée. Le déjà très engagé défenseur des droits des personnes atteintes d’albinisme se sert depuis des années de sa propre expérience pour plaider pour l’inclusion et une meilleure protection des droits des personnes touchées par cette condition.

avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

Porter la voix des opprimés, des invisibles et des exclus : voilà le combat que Gilardy Totozandry, 20 ans, originaire de Diego dans le nord du pays, s’est engagé à mener, en tant que tout nouveau Défenseur des droits de l’enfant à l’Unicef.

Du courage, Gilardy sait combien il en faut pour vivre avec sa différence, lui qui a longtemps été moqué, insulté - de « descendant de fantôme » entre autres, raconte-t-il, et a souffert de solitude du fait de son albinisme. « Disons qu'il y a plusieurs préjugés là-dessus. Ça dépend surtout des ethnies. Elles ont leurs propres croyances. Certaines nous voient comme des malédictions, d’autres comme des bénédictions. D'autres tentent de nous tuer, vu que nos organes, nos yeux ont une valeur marchande, parait-il. Enfin, personnellement je ne veux pas trop savoir. Mais c'est surtout que ces genres de choses réduisent malheureusement le moral de ces personnes et principalement des plus jeunes. Les plus petits sont les plus fragiles. Et nous nous devons d'agir pour leur avenir à eux. »

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Légiférer pour mieux protéger les droits des personnes porteuses de handicap reste un objectif (la loi sur la protection spéciale des personnes atteintes d'albinisme, votée en décembre 2023, a été déclarée non conforme à la Constitution en février dernier, NDLR).

Néanmoins, pour Christine Jaulmes, la représentante de l’Unicef à Madagascar, œuvrer pour faire évoluer les normes sociales et culturelles, dissiper les préjugés et promouvoir l’inclusion reste primordial sur ce type de problématique : « Donner confiance aux parents, qu'ils soient fiers de leur enfant quel que soit l'enfant qui nait, même s’il lui manque quelque chose ou s’il a une couleur différente, [expliquer que]  ça ne fait rien. À toute la société, de leur donner leur place, de les accueillir et de de les traiter comme les autres enfants. »

Des messages que Gilardy a déjà fait siens, et qui pourraient bien, cette fois-ci trouver écho auprès de la population.

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