Avec la chute de Hailé Sélassié et l’arrivée du Derg au pouvoir en 1974, la place boursière avait fermé. L’économie éthiopienne, elle, avait été nationalisée.
Après cinquante ans, l’Éthiopie retrouve sa Bourse, lancée ce vendredi 10 janvier. Arrivé à la tête du gouvernement en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed a affiché une volonté de réformes ambitieuses, notamment de modernisation d’un système fortement étatisé, très encadré et peu ouvert aux investissements étrangers.
La nouvelle place financière, l’Ethiopian Securities Exchange (ESX), a un but principal : « briser la tendance » des bourses africaines, où les cotations et la liquidité sont souvent insuffisantes, assure le directeur de l’ESX à The Africa Report. « Cela a demandé beaucoup de travail au cours des dernières années, mais les systèmes sont prêts et nous nous attendons à une activité très prochaine », confirme Michael Habte, directeur de l’exploitation de l’ESX, à nos confrères.
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Il mise particulièrement sur la taille importante de l’économie éthiopienne — le pays est le deuxième le plus peuplé du continent, avec plus de 120 millions d’habitants — pour garantir le succès de la nouvelle bourse. Parmi les premières entreprises cotées, Ethio Telecom, la société nationale de télécommunications, et la Dashen Bank, une banque locale. L’ESX vise près d’une centaine de sociétés cotées en Bourse lors de sa première décennie d’existence, mais veut aussi attirer les petites entreprises, avec la création d’une plateforme de crowdfunding.
La réouverture de la Bourse « aurait dû se produire il y a longtemps », a déclaré à l’AFP Samson Berhane, analyste indépendant, alors que le pays a fait face à des conflits internes qui ont ralenti la mise en place de changements dans le secteur financier et de l’investissement. Cela va « aider les investisseurs à lever des fonds à long terme et même à régulariser le marché obligataire et le marché interbancaire ».
Ces derniers mois, les autorités se sont engagées dans une série de réformes économiques pour attirer les investisseurs. En décembre, le Parlement a adopté une libéralisation partielle de son système bancaire, permettant à des acteurs étrangers de s’implanter. En octobre 2024, le gouvernement a organisé les premières ventes d’actions de l’opérateur public Ethio Telecom, à hauteur de 10 %.
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Quelques mois auparavant, en juillet, pour obtenir un prêt de la part du Fonds monétaire international (FMI), l’Éthiopie a notamment annoncé une révision majeure du système de change, qui était alors ultra-contrôlé, en permettant aux banques commerciales de fixer librement le taux de change.
2025-01-10T17:05:18Z