LE RIDEAU DE FUMéE DE L’ALGéRIE : RééLECTION PAR LA FORCE ET LE SILENCE

A l’Est de l’Éden, où la scène politique oscille entre comédie et tragédie, difficile de parler d’une élection à suspense. Le 7 septembre, le patriarche du balcon du Muppets Show made in Algeria, le président mal élu, (78 ans et toutes ses dents contre le Maroc), s’apprête à décrocher un second mandat.

Mais, que l’on se rassure, En Algérie, il ne faut aucunement s’attendre à des surprises — tout est ficelé, et ce, avec la finesse d’un marionnettiste d’Etat. Soutien de l’appareil politique ? Assuré. Appui militaire ? Offert sur un plateau.

En face, deux pauvres lièvres, Abdelaali Hassani, islamiste modéré (parce que oui, ça fait plus classe) et Youcef Aouchiche, porte-voix du Front des forces socialistes, semblent courir un marathon truqué, tandis que les autres partis sont marginalisés, voire directement interdits de l’arène. Dire du coup que le suspense est mort, n’est pas une métaphore.

Sauveur malgré lui

Bien que l’élection soit sans réel enjeu, le président algérien, mal élu il y a quelques années, s’efforce aujourd’hui de se présenter sous les traits d’un héros national. Son message est clair : sans lui, l’Algérie se serait effondrée. Que s’est-il donc passé avant sa glorieuse arrivée ?

Un État en lambeaux, une économie en ruine, des complots à foison et évidemment, un voisin marocain, source de tous les maux, mais que l’on ne nomme jamais ouvertement. Face à cet environnement chaotique, le sénile d’Alger se positionne, bien entendu, comme l’unique rempart capable de tenir la barre du navire en pleine tempête. Dommage que ses concitoyens, eux, semblent bien loin d’avaler cette pilule.

Réalité du terrain

Pendant que les deux séniles d’à côté brodent leurs fables sur fond de sabotages et de conspirations, les Algériens, eux, jonglent avec un tout autre quotidien. Entre la cherté de la vie, le chômage omniprésent et une jeunesse désabusée qui ne rêve que d’exil, la réélection de leur cher leader n’est qu’une sinistre farce.

Le Hirak, cet élan de contestation populaire qui a autrefois réveillé l’espoir de l’Algérie, est désormais réduit à peau de chagrin. Les activistes sont traqués, la presse est bâillonnée et le moindre murmure de dissidence est étouffé avant même de pouvoir résonner.

Alors, pourquoi s’embarrasser d’un véritable débat sur le bilan de son premier mandat ? A quoi bon du reste, quand déjà tout a été verrouillé depuis l’arrivée de Chenegriha et même bien avant ?

Gad Said, l’éminence grise

Et, que serait cette pièce de théâtre d’un premier mandat sans l’intervention divine de quelques personnages de l’ombre ? Le général Gad Said, figure aussi centrale que discrète dans l’orchestration de la réélection du pantin favori des capos d’Alger, est décédé de “mort subite“ à peine dix jours après le triomphe de son poulain.

Coïncidence ? Peut-être pour les âmes candides. Pour les autres, apparemment, Le défunt général a quitté la scène au moment où sa partition devenait trop risquée à jouer. Sa disparition a laissé dans son sillage des murmures qui n’ont pas fini de hanter les coulisses du régime.

Un président par défaut

Celui qui se veut être “my hero“ ne s’est pas contenté de prendre le pouvoir, il aurait également réécrit l’histoire. Selon lui, l’Algérie, avant son règne, n’était que chaos et ruine. Feux de forêts « provoqués » par des ennemis invisibles, sabotages divers et variés… tout cela ne peut être que l’œuvre de forces hostiles. Mais, que faut-il vraiment retenir de tout ce fatras ?

Rien de bien nouveau sous le soleil : peindre le tableau d’un pays en lambeaux pour se donner le rôle du sauveur. Le regretté Gad Said aurait sans doute eu son mot à dire sur la véracité de ces affirmations, mais le silence des défunts a toujours cette étrange commodité.

Etat de non-droit : l’inéluctable tragédie

En attendant, les Algériens, eux, vivent une réalité bien plus amère que les contes de leur président. La vie est chère, la corruption gangrène tous les étages de l’administration, et la jeunesse rêve d’un ailleurs, loin de cette terre de l’Algérie devenue étouffante.

Le Hirak, autrefois porteur d’espoir, est à bout de souffle, tandis que ses leaders sont soit derrière les barreaux, soit contraints au silence. Et, pendant que le sénile, au nom imprononçable, répète son rôle de grand défenseur de l’Algérie, son peuple, lui, doit faire face aux répressions sournoises d’un Etat qui ne tolère plus aucune voix discordante.

Voilà donc l’histoire d’une élection sans enjeu, orchestrée par l’armée, où les dés étaient pipés dès le départ. Quant à Gad Said, il n’est que le symbole tragique d’un régime qui sacrifie les siens pour maintenir un semblant de stabilité.

L’Algérie, sous la coupe d’un futur président assuré d’une réélection, continue de vaciller. Mais, pour combien de temps encore cette pièce pourra-t-elle se jouer devant un public de plus en plus désabusé ?

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