RéFORME DES RETRAITES AU MAROC : URGENCE ET MENACE D’INSOLVABILITé

Le système de retraite au Maroc se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, menacé par une crise financière imminente qui pourrait plonger le pays dans une situation d’insolvabilité des caisses de retraite d’ici à 2028.  

Face à cette urgence, le gouvernement d’Aziz Akhannouch a pris la mesure de la situation et a annoncé, sous la coupole du Parlement, le lancement d’une réforme profonde et nécessaire des systèmes de retraite, visant à éviter un effondrement annoncé. 

La réforme des retraites au Maroc n’est plus une option, mais une nécessité impérieuse pour éviter un désastre financier et social. Le gouvernement se doit de naviguer avec prudence entre les impératifs économiques et les attentes sociales, tout en tenant compte des réalités démographiques et financières du pays. Les mesures proposées, bien que rigoureuses, visent à garantir que le système de retraite puisse continuer à remplir sa mission essentielle : offrir une sécurité financière aux retraités, tout en assurant la stabilité financière de l’État. 

Système en péril : les signaux d’alarme 

Les rapports successifs des institutions nationales ont tiré la sonnette d’alarme, pointant du doigt l’épuisement imminent des réserves des caisses de retraite, en particulier le régime des pensions civiles. Le constat est sans appel : si rien n’est fait, ces caisses, censées garantir une retraite digne à des millions de Marocains, risquent tout simplement de ne plus pouvoir honorer leurs engagements financiers dès 2028. 

Face à ce scénario catastrophe, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a affirmé, avec une détermination rare, que son gouvernement n’entend pas léguer cette crise aux générations futures. Pour ce faire, une commission technique dédiée à la réforme des retraites a été constituée.  

Cette commission, après plusieurs réunions, a élaboré divers scénarios pour sauver les caisses de retraite et a défini les principes directeurs de cette réforme incontournable. Les premières mesures de cette réforme seront mises en place de manière progressive, avec une urgence particulière pour les ajustements immédiats nécessaires. 

Vers un système de retraite bipolaire : public et privé 

La réforme envisagée ne se limitera pas à de simples ajustements paramétriques. Le gouvernement prévoit une refonte totale du système de retraite à moyen et long terme, avec l’ambition d’instaurer un système bipolaire qui séparerait les régimes public et privé. Cette approche permettrait de mieux adapter les régimes aux réalités spécifiques de chaque secteur, tout en posant les jalons pour une éventuelle unification des systèmes de retraite à l’avenir. 

Parmi les propositions phares, on note l’introduction d’un plafond de cotisations égal à deux fois le salaire minimum dans les deux pôles, public et privé, afin de préparer le terrain pour une éventuelle unification du système à plus long terme. Cette mesure vise à assurer une certaine équité entre les différents régimes tout en facilitant la transition vers un système commun. 

Le fardeau : hausse des cotisations et allongement de l’âge de départ à la retraite 

Le gouvernement, bien conscient de la gravité de la situation, a également proposé des mesures impopulaires, mais jugées indispensables pour la survie du système. Parmi celles-ci figurent la réduction des taux de remplacement pour les hauts salaires dans le secteur public, le gel des droits acquis dans les systèmes actuels et la non-revalorisation des pensions sur une période de dix ans.  

Une autre mesure clé serait l’augmentation progressive de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, y compris dans le secteur privé, accompagné d’une hausse des cotisations. Ces réformes, si elles sont mises en œuvre, représenteront un bouleversement pour de nombreux travailleurs marocains, en particulier ceux qui comptaient sur une retraite anticipée ou sur une revalorisation régulière de leurs pensions.  

Conséquences sociales : entre sacrifices et attentes 

La réforme des retraites ne se résume pas seulement à des ajustements techniques ou financiers ; elle est profondément ancrée dans les réalités sociales du Maroc. Alors que le pays s’efforce de maintenir l’équilibre de ses finances publiques, la question du bien-être social des retraités reste un sujet sensible. De nombreuses familles dépendent des pensions pour leur subsistance, et toute modification des conditions de retraite pourrait avoir un impact direct sur le niveau de vie de milliers de foyers. 

L’augmentation de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, par exemple, pourrait être perçue comme un fardeau supplémentaire pour des travailleurs déjà épuisés par des années de labeur. De plus, le gel des revalorisations des pensions risque d’accentuer les inégalités entre les retraités, en particulier dans un contexte dans lequel l’inflation continue de grignoter le pouvoir d’achat. 

Dans ce contexte tendu, le dialogue social devient plus que jamais crucial. Les syndicats, qui représentent les travailleurs et les retraités, auront un rôle déterminant à jouer dans la négociation des conditions de cette réforme. Le gouvernement devra faire preuve de transparence et de souplesse pour éviter que la réforme ne devienne une source de mécontentement social ou même de contestation. 

The post Réforme des retraites au Maroc : urgence et menace d’insolvabilité  appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.

2024-09-04T20:13:54Z dg43tfdfdgfd