BABILA KEITA, JOURNALISTE : « MA VIE EST EN JEU DANS CETTE AFFAIRE DE PASSATION DES MARCHéS PUBLICS »

Le journaliste Mamoudou Babila Keita a réagi sur sa suspension et celle de son organe par la Haute autorité de la communication (HAC), dans une conférence de presse qu’il a animée avec le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) hier, samedi 04 mai 2024. Suspendu par l’instance de régulation des médias suite à une plainte de l’ancien ministre de Justice, Alphonse Charles Wright, notre confrère ne baisse pas la garde et se dit déterminé à ne pas se laisser faire. Devant de nombreux journalistes, il a dit être en danger, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Sékou Jamal Pendessa, Secrétaire général du SPPG, a annonce la décision prise par la HAC a été attaquée auprès des juridictions du pays. « Le SPPG réitère son soutien à notre camarade Mamoudou Babila Keita. C’est pourquoi nous irons l’accompagner à toutes les procédures le concernant. On ira l’accompagner à la justice. Le 10 mai, il sera au tribunal de Kaloum ; le 30 mai, il sera à Mafanco. Donc, concernant l’inégalité des décisions de la HAC, en matière de diffamation en République de Guinée, il n’y a pas de suspension. Les commissaires de la HAC, qui ont certainement la paresse de parcourir la loi sur la liberté de la presse et de la HAC, on va leur donner quelques numéros des articles consacrés au cas spécifique des diffamations. Si on est à la justice, le juge ne peut prononcer que des amendes. Ça, c’est les articles 109, 110, qui punissent la diffamation à une amende qui va de 1 à 5 millions GNF. La plus grande sanction que la justice peut prendre contre un journaliste, c’est 5 millions, s’il est avéré qu’il a diffamé. Lorsque la diffamation est commise envers un particulier, l’amende est de 500 mille à 2 millions GNF. C’est seulement l’article 111 qui parle de suspension et c’est lorsque la diffamation porte sur des considérations ethniques… Ce qui est plus intéressant, le cas Babila est devenu un cas d’école. Là où la HAC nous a rendu service, c’est d’avoir poussé le débat jusqu’à ce qu’on a pu découvrir d’autres textes de lois qui renforcent la liberté de la presse qui n’ont rien à avoir avec la loi L02 et la L010… Je pense que la HAC pourrait soigner son image en prenant une autre décision dès ce soir. Pour dire qu’on s’était trompé, à l’allure où vont les choses, on risque d’aller trop loin. Dans l’affaire Babila nous avons décidé d’attaquer l’affaire à la cour Suprême, à travers un recours pour excès de pouvoir. Un avocat est constitué, le recours est déjà élaboré, on va juste fixer le jour », a-t-il déclaré.

Dans son intervention, Mamoudou Babila Keita a tiré à boulets rouges sur la Haute autorité de la Communication (HAC), qui a pris la mauvaise décision. Pour lui, son article n’a jamais discrédité le ministre Alphonse Charles Wright. « Si vous retrouvez dans cet article où on accuse de façon affirmative le ministre Charles Wright d’avoir fait la corruption dans la passation de ses marchés, diffusez-le. Comme la HAC mentionne dans sa décision que nous avons accusé Alphonse Charles Wright, on ne sait pas si c’est la personne physique ou l’autorité contractante qui a porté plainte. Nous avons fait une enquête où on a produit un article qui s’est retrouvé autour de 3000 mots. Constatant que l’article est trop on l’a mis en deux parties, les éléments d’information qui devraient figurer dans le second article, nous les avons transformés en interrogation à la fin, tout en mentionnant que nous allons revenir dans un prochain article pour répondre à ces interrogations. Les grandes enquêtes, c’est des épisodes. Nous l’avons fait dans le passé, jamais nous avons été interpellés ou reprochés d’avoir manqué à l’éthique et à la déontologie. La HAC dit que nous n’avons pas démontré la violation, alors qu’il suffit de dire la règle en matière de passation des marchés publics, c’est l’appel d’offres ouvert. Mais au nombre de marchés passés par le Ministère de la Justice, les contrats qui rapportent ou qui concernent la maison centrale, c’est des contrats qui sont passés par appel d’offres restreint, c’est la procédure dérogatoire. Le Ministère de la Justice a emprunté la procédure dérogatoire, c’est-à-dire le contournement de la règle. C’est ce qui est dit dans l’article », a-t-il dit.

Poursuivant, Mamadou Babila Keita déclare que la Haute autorité de la Communication n’a aucune légitimité, et déclaré que sa vie est en danger suite à ses enquêtes. « Quand nous avons été convoqués, je suis parti avec le code des marchés publics. Le code dit, l’appel ouvert des marchés est la règle. Cependant, on peut recourir à des procédures dérogatoires notamment l’entente directe qu’on appelle le gré à gré ; mais pour qu’il y ait ça, ce code détermine les conditions dans lesquelles un marché peut être passé de gré à gré… C’est au début du mois de février que le ministre Alphonse Charles Wright s’est exprimé pour enquêter sur les marchés publics passés depuis l’accession du CNRD au pouvoir le 05 Septembre 2021. Il dit, tous les départements ministériels, les organismes publics sans exception, ça veut dire que lui-même il lance un discrédit sur ces marchés passés par les différents ministères, y compris son propre ministère. C’est ce qui nous a amenés en tant que journaliste à s’intéresser à cela pour aider le ministre dans son travail… Pour vous dire que cette HAC est manipulée, elle n’a aucune légitimité, elle a perdu tout son sens et sa raison d’être… La HAC n’ayant aucun élément cautionne cela. J’ai dit à la HAC, cela ne concerne pas que le ministre Charles Wright, ça implique plusieurs départements… J’ai envoyé le memo où j’ai formulé des recommandations, j’ai expliqué tout… C’est les mêmes commissaires complexés qui racontent dans les couloirs avoir fait du tort à Babila, que le travail que j’ai fait dans le Before GG, c’était professionnel et complet… J’ai même dit que la HAC est concernée. L’attitude de la HAC, c’est révoltant. J’ai subi énormément d’intimidation et c’est les journalistes qui contribuent auprès de ses prédateurs pour aider à identifier ma maison. On passe par eux pour mener des enquêtes sur Babila, connaître ses fréquentations. Tout a été identifié. Ma vie est en jeu dans cette affaire de passation des marchés publics. L’État, c’est la prestation, fourniture, travaux. C’est des milliards et des milliards qui sont décaissés sur des contrats. On en veut à Babila, peut être s’il ne se tait pas, on va lui ôter la vie. C’est ce plan qui est en marche. Si ce n’est pas la justice, ils vont dire qu’il faut le coffrer, on a des renseignements. Mais, nous espérons que la justice guinéenne ne va pas continuer à demeurer une justice de la croix, elle va exister en tant que justice de droit. Tout ce que j’ai demandé par rapport aux deux procédures, que nous soyons confrontés à des magistrats responsables, qui n’ont pas renoncé à leur serment. Je suis le premier journaliste à avoir mis sur la place publique le CNRD, avant même la déclaration officielle de la prise du pouvoir. Pendant que ça tirait, nous étions sous les balles et ont dit que c’est un militant du RPG. Au-delà, ils vont dire que c’est un frustré qui n’a pas eu de poste, même si c’est la Primature, dans une gouvernance gangrenée de corruption, on me propose d’être Premier ministre, je ne suis pas intéressé. Je veux mourir dignement », a-t-il déclaré.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél. 624 693 333

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