POGACAR SUR LES CHUTES RéCURRENTES: "ON PEUT BLâMER LES ORGANISATEURS MAIS PARFOIS C’EST JUSTE NOTRE FAUTE PARCE QU’ON VA TROP VITE"

Tadej, la reconnaissance du parcours ce matin dans une ambiance quasi-hivernale, c’était comment?

C’était faisable, ce n’était pas si mal que ça, j’ai fait une belle reconnaissance, j’aime bien la faire, je ne sais pas pourquoi mais voilà j’aime toujours venir ici et cette année ne fait pas exception. On a fait une reconnaissance assez rapide donc on n’a pas eu froid, tout le monde appuyait sur les pédales.

Vous avez déjà connu des conditions plus difficiles en mars…

En Catalogne, l’étape de Valter 2000 c’était super super froid. Ça ne sera pas la même chose dimanche, mais ça va être frais quand même. Heureusement il n’y a pas trop de pluie prévue, ce sera mieux on espère qu’à Valter 2000.

Et cette semaine lors de la Flèche Wallonne où il a neigé…

J’étais assez content d’être à l’entraînement au chaud en Espagne, sous le soleil, je ne regrette pas de ne pas être venu sur la Flèche Wallonne, regarder les gars à la télé c’était horrible. J’étais vraiment désolé pour Skjelmose (abandon sur hypothermie) et je pense que dimanche il sera là dans le final.

Le duel attendu avec Van der Poel, vous l’abordez comment?

J’ai hâte de courir face à lui. Mais ce ne sera pas le seul coureur à surveiller, car c’est une course pour grimpeurs et Mathieu n’en est pas un, mais tout le monde sait de quoi il est capable. Ce sera une course ouverte dimanche, avec des attaques de loin, une course avec beaucoup de dénivelé, et l’une des plus longues de l’année.

Mathieu vous a impressionné depuis le début de la saison?

Ce qu’il a fait depuis le début de la saison est très fort. Tous les ans, c’est fou, mais cette année il met la barre encore plus haut en gagnant des courses magnifiques avec le maillot de champion du monde. Il court incroyablement bien sur les courses importantes. C’est LE coureur des grandes courses d’un jour.

Il a fait 60 kilomètres d’échappée solo sur Paris-Roubaix, vous 80 km sur les Strade Bianche: doit-on s’attendre à quelque chose du genre dimanche?

Tentons les 100 (rires)! Pourquoi pas. Non. Liège, ce n’est pas Roubaix, ce n’est pas les Strade Bianche, les montées les plus difficiles sont dans le final, donc c’est assez difficile de partir de loin. Ça me manque de ne pas avoir Remco Evenepoel sur la liste de départ car il a gagné les deux dernières éditions. C’est comme ça. Mais parfois le cyclisme, ça craint.

Comment avez-vous vécu l’énorme chute sur le Tour du Pays Basque qui a justement impliqué Evenepoel mais aussi Vingegaard et Roglic?

Cette année, j’ai vu deux des crashs les plus terribles du vélo à la télé. Ce n’était pas beau de voir ces gros gros crashs, ces coureurs qui sont inertes au sol, qui attendent d’être secourus rapidement. Que peut-on y faire? Les chutes font partie du vélo et ça continuera, le cyclisme est un sport très dangereux où on va de plus en plus vite, on repousse les limites de nos corps, de nos vélos, on essaie de faire des reconnaissances, de voir les dangers sur Google Stree View, mais on ne peut pas tout voir tout le temps. On va de plus en plus vite partout, et avec la fatigue des corps ça crée des chutes. On peut blâmer les organisateurs si on veut mais parfois c’est juste notre faute parce qu’on va trop vite.

Votre chute l’an passé sur Liège-Bastogne-Liège et votre poignet cassé deux mois avant le Tour, c’était votre faute?

C’était complètement ma faute, je me concentrais dans un moment plutôt tranquille de la course pour garder le plus de forces possibles. J’étais derrière un coéquipier et je ne voyais rien donc quand Mikkel Honoré est tombé, je n’ai pas pu l’éviter mais c’était ma faute.

Et ça vous avait notamment handicapé dans votre préparation pour le Tour de France...

De mon expérience, je sais que le corps met du temps à revenir à 100%. Même si dans la tête vous êtes prêt à vous battre, le corps lui quand il y a quelque chose de cassé met du temps à se remettre. Ça affecte la préparation, le mental aussi. Je souhaite à tous les coureurs blessés de bien se remettre en vue de l’été. C’est encore possible de se remettre et d’être en forme.

Vous aimeriez affronter Jonas Vingegaard sur le Tour après sa grave chute au Pays-Basque?

Oui je veux toujours courir face aux meilleurs, et Jonas est le meilleur grimpeur du monde donc j’espère qu’il reviendra avec le même niveau qu’avant pour qu’on se livre une belle bataille. J’espère juste que je n’arriverai pas trop cuit après le Giro. Mais je dois essayer d’aller sur le Giro car j’ai toujours voulu le faire.

C’est un printemps particulier pour vous: vous préparez le Giro, le Tour de France, et vous délaissez un peu les classiques du coup...

Liège c’est dimanche, je suis en bonne forme, je suis déjà aussi focus sur le Giro et le Tour, mais je me suis bien préparé pour dimanche. J’aime ce programme, j’ai confiance dans ma préparation.

De ne pas avoir fait de classiques depuis un moment ça ne va pas poser souci?

Quand je les regarde à la télé, j’ai envie d’y être aussi, mais je voulais être frais pour le Giro et le Tour donc ça me motive plus qu’autre chose d’avoir vu l’Amstel ou le Ronde à la télé.

Vous imaginez perdre dimanche?

Je n’y ai pas pensé.

Mais alors comment vous allez vous y prendre?

Je l’ai déjà dit, cette course peut être surprenante. Des petits groupes peuvent partir et il faut une bonne équipe pour contrôler. Et je pense qu’il y a suffisamment de prétendants qui ont déjà montré sur l’Amstel qu’ils savaient grimper ces petites ascensions. Donc il faudra être attentif surtout dans les 100 derniers kilomètres. Mais je peux aussi aider des équipiers à gagner avec tout ce qu’ils m’ont donné depuis des années. Van Der Poel l’a fait en aidant Philipsen à gagner Milan San Remo.

Vous avez déjà gagné le Tour de Lombardie, Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres, on peut vous imaginer un jour gagner les cinq Monuments?

Milan San Remo, je m’en rapproche chaque année mais c’est la plus difficile à la gagner. Paris-Roubaix ces dernières années je me suis imaginé pouvoir la disputer mais c’est une course difficile et mal placée par rapport à mes objectifs dans le calendrier. Mais j’essayerai oui de m’aligner sur les cinq Monuments.

Pour tous les gagner, Paris-Roubaix compris?

C’est assez clair, je veux gagner le plus possible.

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